Un coup dur
La fermeture des usines a des effets marquants sur la population de la ville, sa démographie et son évolution. Elle provoque un chômage prolongé et l’appauvrissement de la population. Une partie de la main-d’œuvre réussit à se trouver de l’emploi dans les autres industries de la région et certains ex-employés bénéficient de programmes gouvernementaux. Cependant, la crise économique qui frappe un peu partout durant les années 1980 limite les options. On assiste également à l’exode de la population anglophone dont on peut aussi attribuer le déclin démographique à la conjoncture politique. Les jeunes migrent vers les grandes villes en fonction des établissements universitaires ou collégiaux et boudent le secteur manufacturier. Ces anglophones, qui représentaient jadis 40% de la population, comptent maintenant pour moins de 1%.
TRANSCRIPTION DE LA VIDÉO
Laurent Lortie : En dernier, ils m’avaient envoyé à [la ville de] Magog porter de la machinerie et j’étais supposé rester à Magog, mais rendu à Magog j’étais trop vieux. Ça prenait un plus jeune.
Question : Vous vous êtes rendu là-bas pour vous faire dire que ça ne marchait pas?
Laurent Lortie : Que j'étais trop vieux et de m’en retourner à Valleyfield. J’étais supposé laisser le camion à Magog mais je suis revenu avec, vide.
Question : Vous l’avez appris comme ça?
Laurent Lortie : Tu sais, un coup de bâton de même dans le front ça fait pas [tellement] plus mal.
Question : Au moins de se faire dire ici : "Non il n’y a rien d’autre", ça aurait été quasiment mieux que d’aller là-bas pour donner de l'espoir... et plus rien là bas...
Laurent Lortie : Quand le gérant te dit : "va porter ça là-bas et tu vas peut-être rester là". Il m’a donné une feuille et rendu là-bas : T'es trop vieux...".
Question : Vous n’étiez pas si vieux que ça?
Gilles Guérin : Oui mais, il faut qu’il y ait une place... S'ils n'ont pas de place pour une personne compétente...
Laurent Lortie : Il y avait une place; la place était vide.
Question : Vous avez tous vu la fermeture? La Gault n’a pas été démolie...
Laurent Lortie : Moi je suis resté là en 83 et lui... Tu es sorti avant moi?
Gilles Guérin : En 82.
Laurent Lortie : Moi je suis resté là en 83... J’ai vidé le département au complet. Je suis sorti de là avec une fileuse.
Quand la fileuse est partie, je suis parti deux jours après. Il n’y avait plus rien, plus une bobine sur les machines..
Page précédente : La fin d'une époque | Page suivante : L'héritage